Cheminement intérieur

M.Christine2012

La Vie est une transformation permanente, un grand mouvement d’énergies, de différentes natures, de différentes densités, qui s’associent, se différencient, se modifient… La Création est continue, permanente…

Au sein de ce grand tourbillon, l’espèce humaine est bien sûr, elle aussi, en évolution, et chaque être humain – chacun de nous – au cours de sa vie, se transforme, au niveau physique comme sur le plan de son esprit.

Pendant un certain nombre d’années, nos modifications « psychologiques » sont liées aux circonstances extérieures (environnement familial, professionnel, social,…), aux expériences que l’on vit, expériences plus ou moins choisies, plus ou moins subies. Notre esprit se transforme un peu « malgré nous ». Cependant, peu à peu – ou quelquefois de façon assez brusque, suite à une rencontre ou suite à une épreuve -, les activités, les plaisirs qui nous attiraient, qui nous motivaient, ne nous apportent plus les mêmes satisfactions. De façon plus ou moins consciente, on comprend que la source de nos difficultés, de nos souffrances, réside en nous-mêmes, et on aspire alors à « autre chose », sans pouvoir forcément mettre des mots sur cet « autre chose », si ce n’est une certaine paix intérieure. On comprend que l’on a la possibilité de donner consciemment une certaine orientation à notre vie.

Alors commence notre recherche, notre quête sur le sens de la vie. Alors commence notre cheminement intérieur, notre cheminement « spirituel », dans le sens où l’on entreprend un travail sur nous-mêmes, un travail sur notre esprit, pour tenter de nous rapprocher de ce que l’on perçoit vaguement comme notre « vérité intérieure ».

Différentes voies s’offrent à nous : l’adhésion à voie religieuse, à une tradition spirituelle ou à une conception philosophique ; mais  cela peut être également une voie personnelle, fruit de différents éléments que l’on a intégrés à travers notre expérience de vie, une voie de recherche, en perpétuel questionnement …

Toutes ces voies ont pour but de nous aider à mieux nous comprendre nous-mêmes, à mieux comprendre notre relation aux autres, notre relation à la Vie, notre relation à l’Univers. On aspire à développer une « qualité d’être », plutôt qu’à rechercher des plaisirs ou des satisfactions éphémères.

Ce que nous souhaitons présenter ici, ce ne sont pas les différentes facettes de ce travail sur nous-mêmes, que vous pourrez retrouver dans de nombreux ouvrages de sagesse, mais plutôt quelques indications sur le parcours en tant que tel, que ce soit à travers une voie spécifique, ou non : les difficultés, les moments de crise, la notion de cycle, et les outils dont nous disposons pour progresser dans ce cheminement intérieur.

Principaux obstacles ou difficultés

Nous parlons ici d’obstacles ou de difficultés « intérieures », c’est-à-dire générés par notre compréhension encore partielle.

Notre première difficulté, commune à tous, est justement de ne pas « voir », ne pas nous rendre vraiment compte des limitations de nos perceptions mentales.

Les éléments suivants n’ont pas la prétention d’apporter des réponses magiques aux difficultés, mais simplement d’aider à en identifier quelques unes que l’on peut rencontrer (ou ne pas rencontrer !). Un problème bien identifié porte en lui-même sa solution …

  • Un décalage entre notre aspiration et nos comportements

Ce que l’on a compris, ce que l’on pressent, ce que l’on croit juste, tout cela doit être mis en pratique et vérifié par l’expérience de la vie quotidienne ; c’est seulement ainsi que l’on peut apprécier la valeur d’une idée, et la faire nôtre véritablement.

D’ailleurs, de nombreuses traditions nous enseignent que, plus notre conscience s’élargit, plus grande est notre responsabilité vis-à-vis des autres… Nous avons donc le devoir de faire de notre mieux pour mettre en cohérence nos pensées, nos paroles, et nos actions, en lien avec notre aspiration profonde.

  • Une certaine inertie

Nous aimerions bien accéder à cette nouvelle dimension de la vie qui nous devinons confusément, mais nous avons du mal à nous imposer les efforts nécessaires.

Peut-être sommes-nous encore trop souvent dans le doute ?

Ou que notre aspiration n’est pas encore assez ferme ? On voudrait bien, sans vraiment vouloir…

Ou bien peut-être avons-nous peur du changement ? Prendre un autre chemin, c’est prendre le risque d’abandonner certaines de nos habitudes, prendre le risque de nous éloigner de ceux qui nous connaissent et nous « attendent » tel qu’ils nous ont connu, le risque de perdre ceux qu’on aime, et aussi le risque de perdre l’image que l’on s’était faite de soi-même, et à laquelle on est très attaché…

Le contexte de la société actuelle nous entraîne vers des valeurs opposées à la spiritualité : importance des apparences, recherche du plaisir, vitesse, agitation, performance, individualisme,… Faire le choix de « se mettre en chemin » implique certains renoncements ; si l’on veut déployer un nouveau champ de conscience, il faut « faire de la place », accepter de consacrer moins de temps, mais surtout moins d’énergie mentale, à des occupations ou préoccupations que l’on reconnaît maintenant comme secondaires. Pour donner vie à une idée, il faut la nourrir inlassablement, à chaque instant de notre vie. Mourir à ce que l’on croyait être, pour renaître à autre chose…

Alors n’ayons pas peur de nous engager dans une certaine discipline et une certaine éthique de comportement, qui finalement nous conduiront à une plus grande liberté et une vie intérieure plus intense.

  • Un sentiment de solitude sur ce chemin, un sentiment d’incompréhension

Pourtant, on n’est pas seul, à avoir entrepris cette démarche ! On est nombreux à s’être mis en route, et peut-être nombreux à croire que l’on est seul… Nombreux sont ceux qui ont déjà traversé des épreuves semblables aux nôtres, et sont un peu plus avancés que nous sur le sentier… Osons partager autour de nous nos questionnements, nos expériences, nos idéaux… Soyons attentifs, écoutons les autres, nous découvrirons certainement des personnes ou des groupes qui ont une vision proche de la nôtre, ou qui tâtonnent comme nous. Et lorsqu’on est seul chez soi, retournons aux lectures qui nous avaient inspirés, messages de pèlerins qui se cherchent, ou de sages éclairés. Non, nous ne sommes pas seuls…

  • L’impatience ou le découragement

Nous aimerions que les choses se déroulent telles qu’on les imagine, telles qu’on le voudrait ; nous aimerions voir une progression rapide… Pourtant, nous savons bien qu’il s’agit d’un engagement de longue haleine, très longue haleine… Pour devenir pianiste il faut passer beaucoup de temps à jouer, à répéter ; de même, il faut du temps pour explorer l’immensité de notre conscience…

Essayons de trouver le juste milieu, le juste équilibre entre une volonté trop faible et une volonté trop forte… Pour commencer, cela signifie nous interroger sur notre motivation profonde : ambition ? attentes de bénéfices personnels ? motivation réellement altruiste ? Une écoute constante de nos mouvements intérieurs subtils… L’essentiel n’est pas tant l’acte que l’on réalise, mais l’intention qui l’anime. L’observation de nos pensées va permettre de nous connaître de mieux en mieux, d’aller au cœur de nos intentions, et d’identifier de plus en plus précisément ce qu’on doit travailler en priorité : « Qu’est-ce qui, actuellement, est l’obstacle intérieur le plus important à ma progression » ? « Quel est, pour moi, le prochain pas que je dois faire ? »

Car on ne peut faire qu’un seul pas à la fois ! N’entretenons pas l’illusion qui consiste à croire que tout va aller mieux, que nous allons devenir parfait, là, très bientôt. On le sait bien, ce n’est pas possible. Il ne s’agit pas de combattre nos faiblesses, mais plutôt de nourrir notre aspiration à progresser, et de maintenir la direction … Savoir reconnaître nos faiblesses, là, actuellement, mais savoir qu’en nous réside un joyau : la possibilité de croître en conscience. Au début, nos efforts semblent vains, on ne voit pas le résultat, et pourtant si l’on maintient une sincère intention de mieux faire, une transformation va s’opérer petit à petit. Pour modifier un trait de caractère qui est le fruit d’une très longue histoire, il faut être patient. Et confiant. C’est le travail de la goutte d’eau qui creuse le rocher…

De plus, quand il y a progression dans un domaine, beaucoup d’autres domaines en bénéficient également, c’est un travail en profondeur (ex : l’effort que l’on va faire pour vaincre sa tendance colérique, permettra de travailler en même temps sur nos peurs, notre empathie pour les autres, notre réflexion sur ce qui est essentiel, etc.).

N’essayons pas non plus de ressembler à telle ou telle personne ; chacun a son chemin personnel et ses propres moyens d’expression ; certains ont développé principalement la compassion, d’autres la persévérance, ou le discernement, le contentement, l’humilité, la générosité, etc.,  ou encore bien d’autres qualités remarquables lorsqu’elles sont mises au service des autres. Soyons heureux pour eux, et cultivons notre propre jardin, dans la perspective d’aider les autres.

Enfin, d’une façon générale, ne cherchons pas à atteindre un but particulier, ne soyons pas dans l’attente d’un résultat. La quête de vérité est en elle-même la plus précieuse des satisfactions. Simplement, mettons-nous en chemin, un pas après l’autre.

  • Le manque d’ouverture envers ceux qui ne comprennent pas les choses de la même façon que  nous, ou  même, peut-être, un subtil sentiment de supériorité : « Notre voie est la bonne, les autres sont dans l’erreur… ».
  • Le manque de discernement, l’adhésion absolue à une voie proposée, sans qu’il y ait un questionnement.
  • Et bien sûr, tout le brouillard provoqué par nos émotions et nos illusions… et sans doute encore bien d’autres obstacles …
Les crises, les épreuves

Les épreuves, contrairement aux obstacles intérieurs, semblent dues aux circonstances extérieures : ruptures, séparations, pertes … ou bien un évènement bénin en apparence, un changement dans notre environnement relationnel, ou notre fonction professionnelle, etc.

Quel qu’il soit, cet évènement nous fait prendre conscience d’un aspect de nous-mêmes ou d’un aspect de la Vie que nous n’avions jamais entrevu ; c’est une prise de conscience, souvent douloureuse, une partie de notre représentation du monde qui s’écroule…

Pourtant, c’est une chance, nous allons pouvoir rebâtir sur des bases plus justes ; repartir pour une longue période de tâtonnements, d’erreurs, de recommencements, afin de retrouver un certain équilibre. Cette période d’équilibre arrive en effet, où les choses semblent posées, apaisées, relativement stables. Jusqu’au jour où survient une nouvelle crise, qui donnera lieu à une nouvelle expansion de conscience…

Les épreuves sont toujours à la hauteur de ce que l’on est capable de surmonter ; de même, les opportunités de progresser se présentent lorsque l’on est prêt…

Sans ces crises, sans ces épreuves, il n’y aurait pas d’évolution ; ou si peu… Tant que nous n’avons pas la sagesse d’interpréter le monde comme nous l’enseignent les spiritualités ancestrales, ces épisodes de souffrance se reproduiront. Ils sont là pour nous amener à avoir une vision plus juste, et donc pour nous conduire vers une plus grande paix intérieure.

Les cycles

A tous les niveaux, dans la nature, on peut observer un mouvement cyclique : cycle des saisons, cycle du jour et de la nuit, cycle menstruel chez les femmes, cycle de la respiration, etc. Mais il y a également des cycles beaucoup plus vastes, qu’on ne peut appréhender (mais dont certains sont reconnus par les astronomes, les biologistes, les sociologues,…). Il s’agit d’un éternel recommencement de mouvements semblables, mais pourtant toujours différents, toujours nouveaux (ex : les saisons, ou le cycle de la reproduction : le principe est identique, mais le résultat toujours différent).

Pour faciliter les choses, on distingue généralement 2 phases opposées (été/hiver), et 2 phases d’équilibre (automne/printemps), bien qu’en fait il s’agisse d’un mouvement continu entre 2   manifestations opposées.

Donc des cycles :

  • avec différentes phases,
    • de différentes durées, ou différentes amplitudes (ex : inspiration/expiration – état de veille/sommeil),
    • inclus les uns dans les autres (cycle journée inclus dans le cycle annuel),
    • ou imbriqués : le cycle annuel, lié à la rotation de la terre autour du soleil, et le cycle mensuel, lié à la rotation de la lune autour de la terre, se superposent et produisent des conditions particulières, qui ne se renouvelleront que selon un cycle beaucoup plus grand (ex : éclipse de lune), lequel cycle, lui-même superposé à d’autres grands cycles, produira certains évènements cycliques spécifiques, etc.

Notre cheminement personnel est, lui aussi, soumis à des cycles, avec des phases où l’on a l’impression de s’ouvrir, de s’éveiller à quelque chose, d’accéder à une nouvelle dimension de la Vie, et puis des phases de repli, de doute, et même quelquefois de déni par rapport à nos propres expériences, ou simplement des phases de latence, où l’on replonge dans notre inertie, même si l’on continue à pratiquer des rituels ou une certaine discipline, par habitude.

Ces différentes phases font partie du chemin. Les moments qui nous semblent plus difficiles sont inévitables. On a l’impression de stagner ou de revenir en arrière, ceci est inhérent à tout processus d’apprentissage. Une progression n’est jamais linéaire : on avance de deux pas, on stagne pendant quelques mois, quelques années, ou on recule d’un pas… avant de repartir en marche avant… Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres à ces cycles, qui peuvent avoir des amplitudes très variées.

Si on comprend cela, on pourra accueillir les périodes délicates sans les accentuer par de la culpabilité ou du découragement. On pourra constater ce qui est, tout en gardant une certaine distance, un certain calme intérieur.

Les moyens à notre disposition

De nombreuses traditions nous rappellent que, pour entrer et pour avancer dans un processus de transformation intérieure, notre aspiration doit être profonde et sincère.

La compréhension « théorique » des idées n’est pas suffisante. Seuls, les efforts faits pour tenter de mettre en œuvre ces idées, vont permettre de les intégrer, de se les approprier réellement. C’est pourquoi il est important de travailler en parallèle sur les trois aspects suivants, qui se complètent, s’enrichissent l’un l’autre, et permettent d’avancer sur un chemin vivant.

  • L’étude de différents enseignements (lectures, échanges,…), mais aussi la réflexion personnelle

Nous sommes le fruit de multiples conditionnements, et notre vision du monde est extrêmement limitée. Ce que nous appelons « la » réalité, est en fait « notre » réalité. Il s’agit d’une compréhension tout à fait subjective. Un aspect du travail consistera donc à nous confronter à différents points de vue. Une recherche « intellectuelle », à travers des lectures, des échanges,… va nous permettre d’élargir peu à peu notre vision limitée.

Chaque individu, à partir de ses caractéristiques génétiques, se construit en fonction de son environnement, de ses échanges, mais aussi de la capacité de réflexion qu’il développe. Chaque expérience, chaque moment de vie nous transforme un petit peu, y compris un moment de silence, de solitude, et même encore plus ces moments-là, qui nous permettent de réfléchir, de prendre de la distance par rapports aux moments plus actifs ; ils nous permettent de faire des liens, d’intégrer des concepts, ou au contraire de nous interroger, de nous poser des questions fondamentales, de construire notre vérité, vérité toujours provisoire car en perpétuelle évolution elle aussi.

Rechercher ce qui est essentiel pour nous ; hiérarchiser nos priorités ; essayer d’identifier le plus clairement possible l’orientation que l’on veut donner à notre vie ; réfléchir à l’évolution que nous souhaiterions pour l’humanité…

  • La méditation

Cet aspect sera développé bientôt dans un autre exposé.

  • Le « travail » quotidien, de chaque instant, qui consiste à :
  • pratiquer le « rappel » : plusieurs fois par jour, pendant quelques secondes, se tourner vers notre état de conscience le plus vaste, le plus en paix, tel qu’on l’a expérimenté en méditation ; il en découlera une plus grande présence à soi-même et à ce qui nous environne ; dans les religions, prières et rituels sont censés avoir cette fonction de rappel, à condition de les pratiquer en étant pleinement présent, et non pas seulement par habitude ;
  • développer « l’observateur en nous », dans notre vie quotidienne ; essayer de toujours mieux se 

      connaître, de découvrir quelle est l’intention profonde qui guide chacune de nos actions, paroles, 

      et pensées.

Pour conclure…

Au-delà des multiples embûches que nous trouvons sur le chemin, s’élève un sentiment de paix, de quiétude, et même une certaine joie ; joie d’être un chercheur de lumière, un chercheur de vérité ; joie de se mettre au service d’une idée qui élève l’être humain, une idée qui rassemble, au lieu de séparer, une idée qui prend racine dans ce que les êtres humains ont en commun : le souffle de Vie qui les traverse, de la naissance à la mort et peut-être au-delà, le souffle de vie qui les unit entre eux et les relie à quelque chose de beaucoup plus vaste qu’eux.

Joie de donner le meilleur de nous-mêmes pour participer à la marche de l’humanité.

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